L’espoir après la dépendance

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Photo: Jacques Nadeau Le Devoir

« Ça faisait un an et quatre mois que j’étais sobre, j’avais mon appartement. J’ai éclaté. J’ai tout crissé là, à terre, et puis je suis partie dans la rue. Encore. »

Comme pour beaucoup de personnes dépendantes, la thérapie n’a pas fonctionné du premier coup pour Maryse. C’est au cours de son second séjour en centre de désintoxication que cette jeune femme d’une trentaine d’années a entendu parler des maisons David-Chiasson. Elle et deux autres femmes hébergées par cette fondation ont accepté de confier leur histoire au Devoir, mais sous couvert d’anonymat, pour des raisons professionnelles et personnelles.

Ces maisons offrent la possibilité aux personnes sortant d’un centre de désintoxication d’habiter quelque temps en colocation avec d’autres, elles aussi en rémission, plutôt que de retourner à leur ancienne vie, dans un milieu et un entourage qui pourraient les mettre à risque. L’occasion d’un nouveau départ, qui a d’abord donné le vertige à Maryse.

« Quand ils m’ont offert de venir ici, je n’étais plus sûre. Je me remettais en doute, explique la jeune femme. Ça fait peur. C’est comme si on embarquait dans une aventure, on sait pas avec qui on s’en va. »

Lorsqu’elle a emménagé au début du mois de mai avec Josée dans cette coquette maison d’un quartier paisible de Montréal, ses doutes se sont envolés. Les deux femmes ont appris à se connaître et à vivre ensemble, loin de leurs vieux démons. Elles ont commencé à prendre de nouvelles habitudes. Elles font pousser des tomates et du basilic dans leur jardin. L’une fait le café de l’autre le matin, avant que les deux ne partent travailler.

Un nouveau départ
Johanne, elle, a emménagé dans un appartement de la fondation Chiasson il y a quelques mois, non loin de là. C’est elle qui a décoré la maison avant l’arrivée de Maryse et de Josée. Aux murs sont suspendus des écriteaux en bois qui portent des mots inspirants, comme « La confiance, c’est être certain de ce pour quoi vous espérez ». Des phrases qui peuvent paraître anodines, mais qui prennent ici tout leur sens.

Le 1er août, cela fera exactement un an que Johanne a arrêté de consommer. Avant ça, elle fumait du crack. Elle a aussi fait des surdoses d’héroïne et de GHB. « Je me suis maganée pas mal », résume cette femme dans la soixantaine aux beaux yeux verts. Mais maintenant, « j’ai lâché le café, je trouvais que j’en buvais trop », précise-t-elle en souriant.

Elle a aussi adopté un chat, Bébé, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui qu’elle a dû donner en adoption lorsqu’elle s’est retrouvée à la rue en 2020, après la perte de son emploi et de son logement. « De l’amour à quatre pattes », confie-t-elle.

Tomber, se relever
Johanne est passée à travers six thérapies et rechutes en l’espace de trois ans avant de frapper à la porte des maisons David-Chiasson. « Je suis juste pleine de gratitude par rapport à ce qui m’arrive depuis que je suis là, dit-elle. Sans ça, je pense que je ne m’en serais pas remise. Je serais retournée dans mes vieilles habitudes et le vieux monde que je connais. C’est plus facile. »

Ces « vieilles habitudes » sont aussi celles qui ont fait replonger Maryse après son premier séjour dans un centre de désintoxication. « Je n’avais pas tant de craving de drogue ou d’alcool, mais de liberté. Parce que, câline, je l’ai vécue, la liberté, dans la rue », raconte-t-elle.

Selon les statistiques de la fondation, entre 60 % et 65 % des personnes qui sortent de thérapie rechutent dans l’année qui suit. Ça a aussi été le cas de Josée. La jeune femme en robe à fleurs raconte qu’elle s’était pourtant trouvé un travail et un petit studio « flambant neuf » après son passage dans un centre de désintoxication, mais l’environnement n’était pas sécurisant pour elle.

« Tous mes colocs, c’étaient des hommes. L’ambiance était épouvantable, j’avais pas envie de rentrer chez moi, c’était lourd, lâche-t-elle. Je pense que c’est pour ça que j’ai rechuté […]. Et tant qu’à faire, je l’ai fait pas à peu près. »

Elle a ensuite enchaîné plusieurs séjours en thérapie, mais elle avait peur d’en sortir, n’ayant nulle part où aller. « Oui, j’aurais pu aller chez ma mère, mais je ne voulais pas ça, m’imposer à ma famille », explique-t-elle. Puis un intervenant lui a recommandé de contacter les maisons David-Chiasson.

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